Les violences conjugales sont un sujet particulièrement difficile, mais lire permet d'apercevoir les mécanismes qui se mettent en place, peut-être de reconnaître des signaux et permettre surtout d'ouvrir le débat sur ce sujet encore bien trop courant (208 000 victimes enregistrées par les services de police en France en 2021, avec une augmentation de 21%...)
Celle que je suis de Claire Norton
Un roman que j'ai découvert grâce à un challenge Bookstagram et comme souvent, je commence le livre sans savoir vraiment de quoi il en retourne. Surprise de comprendre rapidement que ça aborde le sujet des violences conjugales, du point de vue d'une femme qui va avoir un aperçu de la liberté grâce à sa nouvelle voisine. Rien ne sera facile, néanmoins.
Le roman est haletant, il y a plusieurs intrigues qui se jouent autour de cette femme mais il y a certaines scènes vraiment difficiles, l'autrice a fait un véritable travail de recherche et de documentation auprès d'associations afin de décrire au mieux la réalité. C'est brutal mais nécessaire. On comprend les mécanismes qui ont été mis en place pour isoler, pour faire perdre confiance, pour entretenir la peur, surtout quand il y a un enfant en jeu. J'ai trouvé l'aspect psychologique bien retranscrit, aussi bien chez le personnage principal que chez les autres personnages (incompréhension, stupeur, etc.) avec une lueur d'espoir, malgré les moments pénibles.
Edition : Pocket - Prix : 8,60€ - Nombre de pages : 398 - Genre : littérature française
La claque de Nicolas Robin
J'ai une relation particulière à ce roman. Envoyé gentiment en épreuve non-corrigée par l'auteur (qui est un amour d'humain mais aussi un sacré bon auteur), j'ai découvert une plume sensible qui m'a prise aux tripes. Le sujet est original mais tout aussi percutant : les violences conjugales sur les hommes.
Encore une fois, la psychologie du personnage principal est vraiment intéressante et permet de comprendre comment un homme, pourtant rugbyman, peut subir des violences de la part de sa compagne, au départ "juste une claque". On comprend que la force physique ne fait pas tout, ça relève d'emprise, de stupeur, de honte aussi. Le patriarcat fait souffrir les femmes, bien sûr, mais les hommes aussi subissent cette vision délétère, car on est face à un homme qui n'ose pas en parler, comment les autres pourraient-ils comprendre ? Il serait moqué, alors que la violence est tout aussi destructrice, surtout quand elle est aussi psychologique, en plus d'être physique.
Surtout, pas question de minimiser les violences faites aux femmes avec un discours du genre "Eh mais les hommes aussi se font taper dessus, alors bon, hein". Loin de là, l'auteur réussit ce tour de force d'aborder ce sujet avec vraiment beaucoup de justesse et de mettre en lumière les mécanismes sociétaux, psychologiques et les préjugés qui permettent la violence, qu'elle soit sur une femme ou un homme.
Edition : Le livre de poche - Prix : 8,40€ - Nombre de pages : 264 - Genre : littérature française
13h01 : le cœur en miettes, entre emprise et manipulation, j'ai perdu la tête de Magdalena Polieri
Un court ouvrage vraiment pas connu mais que j'ai eu l'honneur de recevoir par l'autrice elle-même. Entre témoignage et poésie, un ensemble de courts textes percutants, une plongée dans l'esprit de cette femme qui va subir d'abord la manipulation, l'emprise, avant de vivre l'enfer des violences conjugales.
Une écriture sensible qui permet une évacuation et une façon de se réapproprier deux ans de sa vie, un projet que je trouve particulièrement courageux. Bien qu'on sache que les romans sont inspirés de faits réels, c'est quand même autre chose que de lire directement dans la tête d'une femme qui l'a vécu. Sous forme de pensées éparses, quasi journal intime, c'est vraiment intéressant et profondément touchant.
Edition : Le Lys bleu - Prix : 16,40€ - Nombre de pages : 144 - Genre : témoignage
Les impatientes de Djaïli Amadou Amal
Enfin, terminons avec un roman de littérature étrangère qui ne parle pas uniquement de violences conjugales mais dont c'est un des thèmes. Dans Les impatientes, l'autrice raconte trois destins de femmes camerounaises dans des familles musulmanes, leur quotidien entre mariage forcé, tradition, rivalité entre femmes à cause de la polygamie, sororité parfois, envie de liberté, poids du regard masculin et violences conjugales, évidemment.
Nous n'avons pas donc pas une plongée dans la psychologie des personnages comme dans les ouvrages précédents, les violences conjugales font partie d'un environnement plus global où les violences sur les femmes sont monnaie courante. Les mères ont comme seul conseil souvent d'être patiente, de s'adapter, de se faire petite. Bref, un discours qui peut nous choquer mais qui est encore très courant dans de nombreuses cultures.
Un roman engagé, féministe, aux thématiques fortes qui permet de comprendre les violences conjugales d'un autre point de vue, et de les inclure dans un mode de pensée spécifique et pas qu'un problème psychologique d'un homme malade. C'est une violence systémique qui répond à des environnements très particuliers, dont notre société n'est malheureusement pas exclue.
Edition : J'ai Lu - Prix : 7,90€ - Nombre de pages : 288 - Genre : littérature étrangère
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